APPENDICE

 

Traduction des messages et des lettres

dont l'original est en anglais

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Le Centre International d'Éducation

Sri Aurobindo

 

Quel est l'objectif réel, le but de notre Centre Éducation ? Est-ce d'enseigner les œuvres de Sri Aurobindo ? Et celles-ci seulement ? Toutes, ou certaines d'entre elles ? Ou est-ce de préparer les étudiants à la lecture des œuvres de Sri Aurobindo et de la Mère ? Est-ce de les préparer à la vie de l'Ashram ou aussi à une autre profession "extérieure" ? Tant d'opinions circulent partout, et même les personnes âgées qui, à notre avis, devraient savoir, formulent tant d'idées diverses, qu'on ne sait plus que croire et comment agir. Sur quelle base pouvons-nous donc travailler, si nous n'avons aucune connaissance réelle et sûre ? Je vous en prie, Mère, guidez-nous.

 

Il ne s'agit pas de les préparer à lire ces œuvres ou d'autres œuvres. Il s'agit de faire sortir tous ceux qui en sont capables des habitudes routinières de penser, de sentir et d'agir généralement répandues chez les hommes ; de donner à ceux qui sont ici toutes les occasions de se débarrasser de l'esclavage de la manière humaine de penser et d'agir ; d'apprendre à tous ceux qui veulent écouter qu'il y a une manière différente et plus vraie de vivre, que Sri Aurobindo nous a enseigné comment vivre et devenir un être vrai  —  et le but de l'éducation ici est de préparer les enfants à cette vie, de les rendre aptes à la vivre.

Pour le reste, les manières humaines de penser et de vivre, la terre est vaste et il y a assez de place pour tout le monde.

Ce n'est pas le nombre que nous voulons  —  c'est une sélection ; ce ne sont pas des étudiants brillants que nous voulons, ce sont des âmes vivantes.

Il faut qu'on le sache, et nous ne devons pas hésiter à le dire ouvertement :

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l'objet de notre école est de découvrir et d'encourager tous ceux en qui le besoin de progrès est devenu suffisamment conscient pour qu'il oriente leur vie.

 

 

ÉLÈVES

 

La condition la plus importante est la confiance, une confiance d'enfant, le sentiment candide qui sait que tout ce qui est nécessaire viendra, qu'il n'y a aucun doute là-dessus. Quand l'enfant a besoin de quelque chose, il a la certitude que cela viendra. Cette sorte de confiance simple est la condition la plus importante.

 

 

L'intelligence et la capacité de comprendre sont sûrement plus importantes que la régularité dans le travail. La régularité peut s'acquérir plus tard.

 

 

Les idées et les sentiments que vous venez d'exprimer m'ont fait grand plaisir. Je souhaite seulement que vos idées ne demeurent pas de simples idéaux, mais deviennent des réalités. Vous devriez vous consacrer à concrétiser cet idéal dans votre vie et votre caractère. Je saisis pourtant cette occasion pour vous dire quelque chose que je voulais vous dire depuis longtemps. Cela concerne vos études. Naturellement, il y a des exceptions, mais ce sont les exceptions qui confirment la règle. Par exemple, vous avez demandé congé aujourd'hui. Je ne pense pas que vous ayez besoin de davantage de détente. Votre vie ici est organisée de manière à vous procurer une détente presque constante. J'ai cependant accédé à votre demande. Mais votre manière d'accueillir la "bonne nouvelle" m'a fait de la peine.  

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Certains d'entre vous ont même paru la considérer comme une victoire. Une victoire en quoi, sur quoi, je vous le demande ? La victoire de l'inconscience sur la joie d'apprendre et de savoir toujours davantage ? La victoire de l'indiscipline sur l'ordre et la règle ? La victoire de la volonté ignorante et superficielle sur l'effort vers le progrès et la conquête de soi ?

Cette attitude, vous devez le savoir, est très ordinaire chez ceux qui vivent dans des conditions ordinaires de vie et d'éducation. Mais vous, si vous voulez réaliser le grand idéal qui est notre but, vous ne devez pas vous contenter des réactions ordinaires et superficielles des gens ordinaires qui vivent dans l'aveuglement et l'ignorance de la vie ordinaire.

J'ai l'air d'être très conservatrice en disant cela, et pourtant il faut que je vous dise que vous devez être très prudents à l'égard des influences extérieures et des habitudes ordinaires. Vous ne devez pas leur permettre de modeler vos sentiments et votre manière de vivre. Vous ne devez pas vous laisser envahir par tout ce qui vient d'une atmosphère extérieure et étrangère, par tout ce qui est médiocre et ignorant. Si vous désirez appartenir à la famille de l'homme nouveau, n'imitez pas pitoyablement les enfants d'aujourd'hui et d'hier. Soyez fermes et forts, et pleins de foi, combattez pour remporter, comme vous le dites, la grande victoire. J'ai confiance en vous et je compte sur vous.

 

Jusqu'à présent, je n'ai pas publié ce que je vous ai dit le jour anniversaire de l'Université. J'avais espéré que vous profiteriez de la leçon et que vous vous corrigeriez, mais à mon grand regret je suis forcée de constater que la situation ne s'est pas améliorée ; on dirait que certains étudiants ont choisi le moment où ils sont en classe pour exhaler ce qu'ils ont de plus mauvais en eux ; ils se conduisent comme des gamins des rues ; non seulement ils ne tirent aucun profit du professeur qui leur est donné, mais ils semblent prendre un malin plaisir à empêcher les autres de bénéficier des leçons.

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Nous voulons montrer au monde ce que doit être l'homme   nouveau de demain. Est-ce là l'exemple que nous lui mettons sous les yeux ? "

Publié en avril 1953

*

 

Comme, ici, garçons et filles sont élevés ensemble, nous avons toujours insisté pour qu'ils aient entre eux des relations de simple camaraderie, sans aucun mélange de sentiment de sexe ni de sensualité ; et pour éviter toute tentation, il leur est interdit d'aller dans les chambres les uns des autres et de se rencontrer en tête à tête où que ce soit. Cela a été dit clairement à tout le monde. Et si ces règles sont observées strictement, rien de désagréable ne peut arriver.

16 août 1960

 

J'avais l'intention de te laisser partir faire tes études en Angleterre sans t'en parler, parce que chacun doit être libre de suivre la voie qu'il a choisie. Mais après ce que tu m'as écrit, je me sens obligée de te répondre.

Sans aucun doute, d'un point de vue extérieur, tu trouveras en Angleterre tout ce dont tu as besoin pour acquérir ce que les êtres humains en général appellent la connaissance, mais du point de vue de la Vérité et de la Conscience, tu ne peux trouver nulle part l'atmosphère dans laquelle tu vis ici. Ailleurs tu peux rencontrer un esprit religieux ou philosophique, mais la vraie spiritualité, le contact direct avec le Divin, l'aspiration constante pour Le réaliser dans la vie, dans le mental et dans l'action, ne sont vécus dans le monde que par quelques individus très rares et dispersés, et non comme un fait vivant derrière n'importe quel enseignement universitaire, si avancé soit-il. Pratiquement, en ce qui te concerne, tu cours un grand risque de partir à la dérive loin de l'expérience que tu as réalisée, et alors tu ne peux pas savoir ce qu'il t'arrivera.

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C'est tout ce que je voulais dire  —  maintenant, à toi de choisir et de décider.

22 octobre 1952

 

PROFESSEURS

 

Traits caractéristiques d'un bon professeur¹

 

1. Une maîtrise de soi parfaite, non seulement au point de ne manifester aucune colère, mais au point de rester absolument tranquille et impassible en toutes circonstances.

2. En ce qui concerne la confiance en soi, il doit avoir aussi le sens de la relativité de son importance.

Par-dessus tout, il doit savoir que le professeur lui-même doit toujours progresser s'il veut que ses élèves progressent, qu'il ne doit jamais se satisfaire ni de ce qu'il est, ni de ce qu'il sait.

3. Il ne doit pas se sentir supérieur par essence à ses élèves, ni avoir aucune préférence, aucun attachement quel qu'il soit pour l'un ou l'autre.

4. Il doit savoir que tous sont égaux spirituellement et plutôt qu'une simple tolérance, il doit avoir une compréhension globale.

5. "Le rôle des parents et des professeurs est de fournir à l'enfant les conditions et l'aide nécessaire pour qu'il s'éduque lui-même, qu'il développe ses propres capacités intellectuelles, morales, esthétiques et pratiques, et qu'il croisse librement comme un être organique, sans être pétri ni comprimé dans un moule comme une matière plastique inerte." (Sri Aurobindo, Le Cycle Humain, chapitre III)

Publié en juin 1954

 

¹Commentaires écrits par la Mère après avoir pris connaissance d'un questionnaire sur le sujet soumis au Centre d'Éducation par un collège formant des professeurs.

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Il y a une chose sur laquelle je voudrais insister. N'essayez pas de copier ce qui se fait dans les universités au-dehors. N'essayez pas de bourrer les élèves de faits et d'informations. Ne leur donnez pas tellement de travail qu'ils n'auront pas le temps de faire autre chose. Vous n'êtes pas pressé comme pour prendre un train. Laissez-les élèves comprendre ce qu'ils apprennent. Laissez-les assimiler. Terminer le cours ne doit pas être votre but. Vous devez fixer le programme de telle manière que les élèves aient le temps de suivre les cours sur les sujets qu'ils veulent étudier. Ils doivent avoir assez de temps pour leurs exercices physiques. Je ne veux pas qu'ils soient des élèves studieux, mais pâles, maigres et anémiques. Vous direz peut-être qu'ainsi ils n'auront pas assez de temps pour leurs études, mais cela peut s'arranger en répartissant le cours sur une période plus longue. Au lieu d'achever le cours en quatre ans, vous mettrez six ans. Ce serait même mieux pour eux ; ils assimileraient davantage l'atmosphère d'ici et leur progrès ne sera pas dans une seule direction aux dépens de tout le reste. Ce sera un progrès global dans toutes les directions."

10 septembre 1953

 

(Un professeur se plaint que des banalités mutiles soient enseignées aux élèves  —  dans les classes de langues, par exemple, on leur demande de lire des histoires hébétés et on leur donne des détails insignifiants sur la vie et les coutumes des peuples.)

 

Votre difficulté provient de ce que vous avez encore la vieille idée que, dans la vie, certaines choses sont basses et d'autres élevées. Ce n'est pas exact. Ce ne sont pas les choses ou les activités qui sont hautes ou basses, c'est la conscience de celui qui les fait qui est vraie ou fausse.

Si vous unissez votre conscience à la Conscience suprême et que vous La manifestez, tout ce que vous pensez, sentez ou faites devient lumineux et vrai.  

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Ce n'est pas le sujet de l'enseignement qu'il faut changer, c'est la conscience dans laquelle vous enseignez qui doit être éclairée.

31 juillet 1967

 

 

Je ne sais même pas si j'ai une âme, mais en tant que professeur je suis censé aider les élèves à "donner la priorité à la croissance de l'âme"  —  éclairez-moi, s'il vous plaît.

 

La contradiction vient de ce que vous voulez "mentaliser" et c'est impossible. C'est une attitude, une attitude surtout intérieure, mais qui gouverne l'action extérieure autant qu'il est possible. C'est quelque chose qui doit être vécu beaucoup plus qu'enseigné.

 

 

Jusqu'au niveau secondaire, il est entendu que les enfants sont trop jeunes pour savoir quelque chose du yoga et pour décider s'ils veulent faire le yoga ou non. Ainsi l'enseignement est un enseignement et rien d'autre.

Mais pour le Cours supérieur, je pense qu'il devrait être dit clairement que seuls ceux qui sont ici pour le yoga peuvent être admis à y participer  —  alors l'éducation devient yoga.

Si la Mère donne ses directives sur ce point, cela éclairera beaucoup d'entre nous.

 

Ce n'est pas tout à fait cela. Dans toutes les sections, primaire, secondaire et supérieure, les enfants suivront des méthodes yoguiques dans leur éducation et se prépareront à essayer de faire descendre la nouvelle connaissance. Ainsi on peut dire que tous les élèves font le yoga.

Il faut cependant distinguer entre ceux qui font le yoga et les disciples.  

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Pour être un disciple, il faut se consacrer, et la décision de le faire doit être entière et spontanée. De telles décisions doivent être prises individuellement  —  quand vient l'appel  —  et elles ne peuvent pas être imposées, ni même suggérées. "

Bénédictions¹.

16 novembre 1967

 

Si on apprend aux enfants, même tout petits, à mettre des objets en ordre, à les classer par catégories, etc., etc., ils aiment beaucoup cela et apprennent très bien. C'est une merveilleuse occasion de leur donner de bonnes leçons de rangement et d'ordre, des leçons pratiques, efficaces, et non de la théorie.

Essayez, je suis sûre que les enfants vous aideront à ranger.

Amour et bénédictions.

14 décembre 1963

 

SUJETS ÉTUDIÉS

 

(On avait lu à la Mère un projet d'étude sur "L'Histoire spirituelle de l'Inde". Voici son commentaire :)

 

Non ! Ça ne va pas. Ce n'est pas comme ça qu'il faut faire. Il faudrait commencer par un grand BANG !

Vous avez essayé de montrer la continuité de l'Histoire, Sri Aurobindo en étant le résultat, le sommet. C'est entièrement faux.

Sri Aurobindo n'appartient pas à l'Histoire ; il est en dehors et au-delà de l'Histoire.

Jusqu'à la naissance de Sri Aurobindo, les religions et les

 

¹Ayant lu cette transcription de son commentaire, la Mère donna ses bénédictions écrites avec sa signature.  

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spiritualités étaient toujours centrées sur des figures du passé, et elles montraient comme "but" la négation de la vie sur terre. Alors vous aviez une alternative :

 —  ou bien une vie dans ce monde avec sa ronde de petits plaisirs et de petites peines, de joies et de souffrances, menacée par l'enfer si vous ne vous étiez pas conduits correctement ;

 —  ou bien une évasion vers un autre monde, paradis, nirvana, môksha...

Entre les deux termes, il n'y a pas grand choix : ils sont également mauvais.

Sri Aurobindo nous a dit que c'est une erreur fondamentale, qui est la cause de la faiblesse et de la dégradation de l'Inde. Bouddhisme, jaïnisme, illusionnisme ont suffi à saper toute énergie dans ce pays.

En vérité, l'Inde est le seul endroit dans le monde qui soit encore conscient de l'existence d'autre chose que la Matière. Dans les autres pays, on l'a tout à fait oublié : en Europe, en Amérique et ailleurs... C'est pourquoi l'Inde a un message à préserver et à transmettre au monde.

Sri Aurobindo a montré que la vérité ne consiste pas à s'évader de la vie terrestre, mais à rester dedans, à la transformer, à la diviniser, pour que le Divin puisse se manifester ICI dans ce MONDE PHYSIQUE.

Vous devez dire cela dès la première séance. Vous devez être carré et direct... comme cela ! (Mère fait avec ses mains un grand signe carré sur la table.)

Alors, quand vous avez dit cela carrément, fortement, et qu'il n'y a aucun doute à ce sujet  —  et alors seulement  — , vous pouvez y aller et les amuser avec l'histoire des religions et des maîtres spirituels.

Alors, et alors seulement, vous pourrez leur montrer le germe de faiblesse et de fausseté que ces religions et ces maîtres ont recueilli et proclamé.

Alors, et alors seulement, vous pourrez discerner, de temps en temps, de place en place, une "intuition" que quelque chose d'autre est possible ;

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dans les Védas, par exemple (l'injonction de descendre au plus profond dans la caverne des Panis) ; dans le Tantra aussi... une petite lumière brille.

31mars1967

 

(Programme rédigé par la Mère pour un groupe d'étude.)

 

1. Prière (Sri Aurobindo, Mère, accordez-nous votre aide dans notre effort pour comprendre votre enseignement).

2. Lecture du livre de Sri Aurobindo..

3. Un moment de silence.

4. Une seule question peut être posée par qui le désire, sur ce qui vient d'être lu.

5. Réponse à la question.

6. Pas de discussion générale.

Ce n'est pas la réunion d'un groupe, mais simplement une classe consacrée à l'étude des livres de Sri Aurobindo.

31 octobre 1942

 

Pour unir l'Orient et l'Occident, pour donner à l'un le meilleur de l'autre et réaliser une vraie synthèse, une Université sera fondée où seront étudiés des sujets de toutes sortes. Notre école en formera le noyau.

J'ai donné à cette école le français comme langue d'enseignement. L'une des raisons en est que le français est la langue culturelle du monde. Les enfants peuvent apprendre les langues indiennes à un stade ultérieur. Si l'étude des langues indiennes était dès maintenant prépondérante, le mental indien aurait naturellement tendance à retomber dans les littératures, la culture et la religion de l'antiquité. Vous savez très bien que nous reconnaissons la valeur de l'Inde antique, mais nous sommes ici pour créer quelque chose de nouveau, pour apporter à la terre quelque chose qui sera tout à fait neuf. Si, dans cet effort, votre  

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mental est lié aux choses de l'antiquité, il refusera d'avancer. L'étude du passé a sa place, mais elle ne doit pas entraver le travail de l'avenir.

 

 

ARTS

 

Sur le plan physique, c'est par la beauté que s'exprime le Divin.

 

 

L'art suprême exprime la Beauté qui vous met en contact avec l'Harmonie divine.

 

 

Le but de la vraie peinture est de créer quelque chose de plus beau que la réalité ordinaire.

3 avril 1932

 

Il est toujours bon pour vous de passer votre temps à écrire et à jouer de la musique, car votre tempérament trouve là son occupation naturelle et cela aide à entretenir l'énergie vitale et à conserver l'équilibre.

Quant à la sâdhanâ, je voudrais vous demander pourquoi elle ne se ferait pas au moyen de votre musique. La méditation n'est cènes pas la seule façon de faire la sâdhanâ. À travers votre musique, la bhakti et l'aspiration peuvent grandir et préparer la nature à la réalisation.

Si la concentration et la méditation viennent d'elles-mêmes par moments, c'est très bien ; mais il n'est pas nécessaire de se forcer.

23 janvier Î939 

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La musique suit la règle de toutes choses sur terre  —  à moins qu'elle ne soit tournée vers le Divin, elle ne peut pas être divine.

25 mai 1941

 

Ai-je raison de dire que quand la Mère joue de l'orgue, certains accords créent les vibrations nécessaires à la manifestation de la Force supérieure que la Mère veut établir sur terre ?

 

Quand quelqu'un vit dans une conscience supérieure, les vibrations de cette conscience supérieure se manifestent dans tout ce que cette personne fait, dit ou pense. Ces vibrations supérieures se manifestent par le fait même de la présence de cette personne sur terre.

Bénédictions.

 

Que signifie le thème qui se répète si souvent dans votre musique ?

 

Vous avez sans doute remarqué que ce thème vient généralement après l'expression d'un certain chaos ou d'une certaine tristesse. Il apporte la solution d'un problème. Il signifie une avance, un progrès, un pas en avant dans la conscience. Il apporte une illumination. Ma musique ressemble aux mouvements intérieurs de la sâdhanâ. Quelquefois une tristesse, un chaos, un problème, un mouvement faux, qui semblaient vaincus, reviennent avec une grande force. Alors, en réponse ou en aide, la conscience croît, se dévoile  —  et c'est l'illumination finale.

Cette musique est très difficile à comprendre  —  spécialement pour le mental occidental. Pour les Occidentaux, souvent, elle ne veut rien dire ; il ne leur est pas non plus facile de sentir en eux les mouvements correspondants. Ce sont surtout ceux qui peuvent apprécier les râgas indiens qui peuvent aimer cette musique ;

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car elle a une certaine ressemblance avec les râgas. Mais ici aussi, du point de vue de la forme, toutes les conventions des règles et des notations musicales sont brisées.

30 octobre 1957

 

Pour moi, la vraie poésie est au-delà de toute philosophie et de toute explication.

 

 

Apprenez à rester silencieux

 

Les films sont projetés à l'intention de ceux qui aiment regarder l'image, écouter la musique et les paroles, et ils ont le droit de regarder et d'écouter en toute tranquillité.

Ceux qui ne peuvent pas s'arrêter de parler, de bavarder, de rire et de faire du bruit ou même de s'agiter ne devraient pas être là, parce que ce qu'ils font, ils peuvent le faire ailleurs sans gâter le plaisir de ceux qui ne sont pas comme eux.

Alors, voici la décision : un public silencieux  —  ou pas de cinéma.

12 octobre 1962

 

"LE MAGICIEN D'OZ*"

 

Une courte explication certainement augmentera l'intérêt du film qui vous est projeté ce soir.

Ce film contient trois parties : deux en noir et blanc, et une, la plus longue, en couleurs. Les deux parties en noir et blanc (la première et la dernière)

 

*Introduction prononcée par la Mère au Terrain de Jeux de l'Ashram avant la projection de ce film.  

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montrent l'apparence des choses dans le monde physique : la partie en couleurs expose une suite d'événements et de caractères similaires dans le monde vital, le monde où l'on peut aller quand le corps est dans un sommeil profond, quand on sort de son corps. Tant que vous avez un corps physique, rien de véritablement mauvais ne peut vous arriver dans le monde vital, car le corps physique agit comme une protection, et vous pouvez toujours y retourner à volonté. C'est ce que montre le film d'une manière classique. Vous verrez que la petite fille porte des pantoufles magiques couleur de rubis, et tant qu'elle porte aux pieds ses pantoufles rouges rien de mauvais ne peut lui arriver. Les pantoufles couleur de rubis sont le signe, le symbole du lien avec le corps physique, et tant que les pantoufles sont à ses pieds, elle peut, à volonté, retourner dans son corps et y trouver refuge.

Deux autres détails sont intéressants. L'un est la bourrasque de neige qui sauve le groupe de l'influence de la méchante sorcière qui, par magie noire, avait arrêté son avance vers le château émeraude de la vitalité bénéfique. Dans le monde vital, la neige est le symbole de la pureté. C'est la pureté des sentiments et des intentions des membres du groupe qui les sauve de ce grand danger. Notez aussi que pour aller au château du bon magicien, ils doivent suivre une large avenue dallée d'or, avenue de la confiance lumineuse et de la joie.

Le deuxième détail est le suivant : quand Dorothée jette de l'eau sur le mannequin de paille pour l'empêcher de brûler, un peu d'eau atteint le visage de la méchante sorcière qui a allumé le feu, et aussitôt elle se dissout et meurt. L'eau est le symbole du pouvoir de purification ; aucun être, aucune force hostile ne peut résister à son pouvoir lorsqu'il est utilisé avec bonne volonté et sincérité.

Enfin, quand la bonne fée apprend à la petite fille comment rentrer à la maison en frappant ses pantoufles rouges l'une contre l'autre, elle dit que rien n'est mieux que la maison; par "maison", elle entend le monde physique, lieu de la protection et de la réalisation.  

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Vous le voyez, le sujet de ce film est intéressant, et le film lui-même n'est pas entièrement dépourvu de connaissance. Malheureusement la réalisation n'est pas aussi belle, aussi harmonieuse qu'elle aurait pu l'être. Dans la mise en scène il y a quelques sérieuses fautes de goût et beaucoup de vulgarités regrettables.

14, septembre 1952

 

Ne divisez pas ce qui est un. La science et la spiritualité ont toutes deux le même but : la Divinité suprême. La seule différence entre elles est que cette dernière le sait alors que l'autre ne le sait pas.

Décembre 1962

 

Douce Mère, il y a des choses qui sont bonnes pour mon progrès mais me paraissent dénuées d'intérêt. Par exemple, les mathématiques sont un bon sujet, mais ne m'attirent pas. Dites-moi, s'il vous plaît, comment je peux m'intéresser à des choses qui ne m'attirent pas ?

 

Nous avons besoin de savoir beaucoup de choses, non parce que nous les trouvons particulièrement intéressantes, mais parce qu'elles sont utiles et même indispensables : les mathématiques en font partie.

C'est seulement quand on a un fonds solide de connaissance qu'on peut faire face à la vie avec succès.  

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ÉDUCATION NATIONALE

 

Notre objectif n'est pas un système national d'éducation pour l'Inde, mais une éducation pour le monde dans son ensemble.

 

Mère sublime, notre but n'est pas exclusivement un système national d'éducation pour l'Inde, mais une éducation essentielle et fondamentale pour toute l'humanité. Mais n'est-il pas vrai, Mère, que cette éducation, à laquelle l'Inde a été spécialement préparée par les efforts et les réalisations culturelles de son passé, est le privilège de l'Inde et sa responsabilité spéciale, envers elle-même et envers le monde ? Quoi qu'il en soit, à mon avis, cette éducation essentielle est l'éducation nationale de l'Inde. En fait, je la considère comme l'éducation nationale de tout grand pays, avec des variantes caractéristiques particulières à chaque nation. Je me demande si cela est correct et si Mère y souscrirait.

 

Oui, c'est tout à fait correct, et c'est une partie de ce que j'aurais dit si j'avais eu le temps de répondre à vos questions.

L'Inde a, ou plutôt a eu, la connaissance de l'Esprit, mais elle a négligé la matière et en souffre.

L'Occident a la connaissance de la matière mais a rejeté l'Esprit et en souffre gravement.

Une éducation intégrale qui pourrait, avec quelques variantes, s'adapter à toutes les nations du monde, doit rétablir l'autorité légitime de l'Esprit sur une matière pleinement développée et utilisée.

Voilà, en bref, ce que je voulais dire.

Avec mes bénédictions.

26 juillet 1965

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PRINCIPES DE BASE DE L'ÉDUCATION INDIENNE*

 

1. Quels doivent être les objectifs pédagogiques de l'Inde, dans la perspective présente et future de la vie nationale et internationale ?

 

Préparer les enfants à rejeter le mensonge et à manifester la Vérité.

 

2. Par quelles mesures le pays peut-il s'acheminer vers la réalisation de ce but élevé ? Comment amorcer un départ dans cette direction ?

 

En préparant la matière à manifester l'Esprit.

 

3. Quel est le véritable génie de l'Inde et quelle est sa destinée ?

 

Enseigner au monde que la matière est fausse et impuissante, à moins qu'elle ne devienne la manifestation de l'Esprit.

 

4. Comment la Mère voit-elle le progrès de la Science et de la Technologie dans l'Inde ? Quelle contribution celles-ci peuvent-elles apporter à la croissance de l'Esprit dans l'homme ?

 

Leur seule utilité est de rendre la base matérielle plus forte, plus complète et plus efficace pour la manifestation de l'Esprit.

 

5. L'unité nationale est une cause d'inquiétude dans tout le pays. Quelle est la vision de la Mère à cet égard?

 

*Série de questions posées par un groupe de professeurs du Centre Éducation lors de la visite, en août 1965, d'une Commission d'éducation du Gouvernement indien ayant pour objet d'évaluer les idéaux et les méthodes pédagogiques du Centre.  

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Comment l'Inde accomplira-t-elle son devoir envers elle-même et envers le monde ?

 

L'avenir du monde tend irrésistiblement vers l'unité de toutes les nations. Mais pour que l'unité de toutes les nations soit possible, chaque nation doit d'abord réaliser sa propre unité.

 

6. Le problème linguistique préoccupe beaucoup l'Inde. Quelle devrait être pour nous l'attitude correcte à cet égard?

 

L'unité doit être un fait vivant et non une règle arbitrairement imposée. Quand l'Inde sera une, elle aura spontanément une langue comprise par tous.

 

7. Éducation signifie normalement, de nos jours, alphabétisation et situation sociale. Cette tendance n'est-elle pas malsaine ? Mais comment donner à l'éducation sa valeur intérieure et son attrait intrinsèque ?

 

Sortez des conventions et donnez la prépondérance à la croissance de l'âme.

 

8. De quelles illusions et de quels leurres notre enseignement actuel est-il menacé ? Comment pouvons-nous les éviter ?

 

(a) L'importance presque exclusive accordée au succès, à la carrière et à l'argent.

(b) Donner priorité à l'importance capitale du contact avec l'Esprit, à la croissance et à la manifestation de la Vérité de l'être.

5 août 1965

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1. Comment puis-je préparer les enfants à rejeter le mensonge (a) quand, le mensonge fait encore partie de ma chair et de chaque cellule de mon corps ; (b) quand l'attachement au mensonge devient de plus en plus fort dans une nature égoïste et possessive ?

2. Comment l'unité de chaque nation peut-elle se réaliser (a) quand l'individu n'a pas d'unité intérieure ;

(b) quand l'unité n'existe pas entre deux membres d'une même famille ; (c) quand il n'y a pas d'unité dans une organisation ou une institution ?

3. Comment sortir des conventions et donner la priorité à la croissance de l'âme quand même un ashramite répand le virus de la situation sociale pour satisfaire ses désirs personnels ?

4. Comment ne pas donner une importance presque exclusive au succès, à la carrière et à l'argent quand tout le monde court après l'argent pour faire étalage de son ego et satisfaire sa vanité¹ ?

 

Un corps a été donné à chacun pour ce travail, parce que c'est par la réalisation de ces choses en soi-même qu'on peut aider l'humanité à les réaliser sur terre.

Le professeur doit absolument posséder les qualités et la conscience qu'il veut voir ses élèves acquérir.

 

 

J'aimerais que le Gouvernement reconnaisse le yoga comme discipline d'éducation, pas tellement pour nous, mais parce que ce sera bon pour le pays.

La matière sera transformée, elle sera une base solide. La vie sera divinisée. Que l'Inde prenne la tête du mouvement.

 

¹Ces quatre questions, posées par un professeur, font suite aux réponses de la Mère à la lettre précédente du 5 août 1965.  

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